Philippe Pointereau, de Solagro, nous a fait le plaisir de présenter le scénario Afterres 2050 à la Maison de la Bio, le 30 octobre 2012.

Les principaux résultats peuvent se résumer ainsi:

  • Un mix 50 % agriculture biologique / 50 % agriculture intégrée (à ne pas confondre avec l’agriculture « Raisonnée ») peut nourrir la France et quelques voisins en 2050 mais notre assiette et nos paysages sont vraiment différents,
  •  La ration alimentaire contient plus de céréales, de fruits et légumes et beaucoup moins, de viande, de sucre et de lait.
  • Les sols ne sont jamais nus – notamment en hiver – et une parcelle délivre jusqu’à 6 « productions » – céréales,engrais verts, fruitiers, bois d’oeuvre, .. -, contre une aujourd’hui.
  • Les troupeaux ont fortement réduit leurs effectifs.

>> Afterres2050 – site de Solagro

Comment nourrir 71 Millions de Français en 2050 ?

A l’horizon 2050, l’agriculture et la forêt devront nourrir en France 71 millions d’habitants et le bétail, fournir énergie et matériaux tout en préservant la fertilité des sols, la qualité des eaux, la biodiversité, le climat. Disposerons-nous des surfaces nécessaires pour satisfaire tous ces besoins ? Comment objectiver des visions diamétralement opposées sur le devenir de notre agriculture qui doit pour les uns, recréer de la souveraineté alimentaire et pour les autres, nourrir le monde ?

Usages et surfaces

Pour alimenter les réflexions, Solagro a conçu un modèle mathématique qui peut tout ingérer ou presque : des tonnes de céréales, de foin, des rendements, des hectares, des assolements, des vaches, des poules, des cochons, des protéines, des glucides, des lipides, des habitants, des tonnes équivalent pétrole, des flux d’import-import, pour ne citer que les
paramètres les plus évidents. Contrairement à la plupart des scénarios qui raisonnent sur une « offre » – alimentaire, énergétique –  jugée illimitée, Afterres2050 repasse en revue nos besoins alimentaires et les croise avec des contraintes et opportunités multiples : rendements plus importants de certaines céréales avec le climat, réduction des gaspillages, artificialisation des sols contenue dans des proportions raisonnables.

Moitié bio, moitié intégrée

Le premier scénario dit « du 19 mai » fait surtout le pari qu’en 2050, les terres agricoles seront cultivées pour moitié en agriculture biologique, et pour moitié en production intégrée, un modèle qui reprend les fondamentaux de l’agriculture biologique (rotation longues, légumineuses), en s’autorisant l’utilisation d’azote minéral et en cas d’urgence, un recours contrôlé à des traitements pesticides. Les résultats ? Ils sont encourageants. Du côté des bonnes nouvelles : le mix 50/50 agriculture biologique/agriculture intégré nourrit la France et quelques voisins. Toutefois, notre assiette est vraiment différente, et nos paysages aussi. Plus surprenant : les bouleversements induits par la généralisation d’une agriculture écologique intensive libèrent quelques millions d’ha, lesquels pourraient satisfaire d’autres besoins dans une
monde (presque) sans pétrole : production de biomasse pour la chimie verte ou d’éco-matériaux de construction. Du côté des nouvelles tièdes : nous réduisons par 2 (et non par 4) les émissions de gaz à effet de serre de la filière agricole et alimentaire, étant entendu que d’autres leviers peuvent améliorer ce résultat.