Maraîchage bio: Résultats d’expérimentations GRAB 2012

  • Maîtrise des ravageurs du sol : nématodes à galles – GRAB 2012

Depuis 2008, les travaux ont été orientés vers la recherche de cultures maraîchères moins sensibles aux nématodes à galles et vers l’évaluation de l’effet à court et moyen termes de différentes plantes de coupure dans les rotations méditerranéennes. L’effet de la solarisation sur les nématodes est aussi évalué dans les essais.

En 2012, le programme de travail concerne à la fois des essais de type « système », avec la fin d’un essai rotation de 5 ans et la mise en place d’un nouvel essai, et des essais d’évaluation de plantes de coupure en engrais verts possédant des propriétés de résistance aux nématodes et un potentiel biocide pour la biofumigation.

Intérêt de la gestion des rotations culturales

2012 est la dernière année d’observation sur ce dispositif d’essai, implanté en 2008. De l’automne 2008 à l’automne 2010, on a comparé, sur 2 tunnels (chaque modalité présente dans chaque tunnel : 2 répétitions) une rotation avec des plantes « non hôtes » à une rotation témoin agriculteur (salade/courgette, toutes deux sensibles aux nématodes à galles). Malgré les résultats encourageants obtenus pendant les premières années de cet essai, qui nous ont permis de confirmer la moindre sensibilité d’un certain nombre de cultures aux nématodes à galles (comme la mâche, la roquette ou l’oignon), et d’observer l’intérêt de la solarisation dans la maîtrise des populations de Meloidogyne spp., les conclusions de l’année 2011 sur une culture de courgette révélatrice sont apparues très décevantes. Du fait d’une évolution des infestations très différente dans les 2 tunnels d’essai, et notamment sur la culture d’été 2011 (à cause d’une variété de courgette différente dans chaque tunnel ?), il était difficile de trancher de façon nette sur l’intérêt des 2,5 années de coupure dans l’assainissement des sols. Nous avons donc poursuivi les observations en 2012 avec une même variété de courgette pendant l’été 2012 (Variété Satelite), pour tenter de lever les incertitudes liées aux 2 différentes variétés en 2011. Il apparaît que les niveaux d’infestation sont toujours différents dans les 2 tunnels : l’indice de galle moyen est de 3,3 dans le T2 (4,9 en 2011) et de 2,6 dans le T3 (0,3 en 2011). Dans les 2 tunnels, il n’y a pas de différence significative entre le témoin « rotation de cultures sensibles » et l’autre modalité. Nous avons donc levé une part de l’incertitude liée à une différence de sensibilité variétale nette en 2011, mais la solarisation annuelle a sans doute eu une effet plus marqué dans le T3 que dans le T2 (il y a d’ailleurs toujours moins d’adventices dans le T3). En conclusion, il ressort de cet essai longue durée que la solarisation a un effet important sur la réduction de l’innoculum. L’insertion de plantes non hôtes réduit le niveau d’infestation sur la culture suivante (vu dans le T2 en 2011), mais cet effet est de courte durée si les cultures sensibles sont ensuite réimplantées sur la parcelle [ L12LR05].

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Gestions intégrées (combinaison de solarisation, cultures « moins hôtes » et engrais verts)

Nous avons implanté en été 2012 un essai de comparaison de « systèmes » pour gérer les nématodes à galles de façon intégrée, dans le cadre du programme Ecophyto « Gedubat ». Il s’agit d’un essai à 3 modalités implantées dans 2 tunnels. Le système 1 correspond à une prise de risque plus importante, avec des cultures sensibles durant l’été, non hôtes à l’automne, et une utilisation importante de la solarisation (2 ans/3). Le système 2 est identique, avec arrachage des racines en fin de culture, pour évaluer l’impact de cette mesure prophylactique. Le système 3 correspond à une prise de risque moins importante au niveau des cultures : plantes moins sensibles l’été et éventuellement sensibles à l’automne uniquement, et à une utilisation moins importante de la solarisation (1 an sur 2), en alternance avec des engrais verts. Un état des lieux initial a été réalisé en été 2012 : cartographie des indices de galles, mesures des populations de nématodes phytoparasites, détermination des espèces de Meloïdogyne présentes, et analyses physico-chimiques de sol. La différenciation des systèmes a débuté en fin d’été, avec arrachage des racines sur le système 3 puis implantation des cultures d’automne, mâche et roquette [ L12LR06].

>> Fiche-Résultat-Expérimentation_GedubatNematodes_GRAB_2012

Sensibilité d’engrais verts de la famille des Brassicacées : effet sur la culture suivante

Différents engrais verts de la famille des Brassicacées ont été semés en octobre 2011 sur un site infesté par les nématodes à galles : Moutarde brune, roquette et 6 variétés de radis fourragers. On a comparé les performances agronomiques et la sensibilité aux nématodes à galles (M. incognita) de ces différents couverts, et on a mesuré l’impact de ces intercultures sur la culture commerciale de courgette suivante, en comparaison avec un témoin « enherbement naturel » et un témoin paillé (paillage biodégradable noir).

– les performances agronomiques les plus intéressantes (couverture de sol, production de biomasse) ont été obtenues par la moutarde brune et 3 variétés de radis. Les autres variétés de radis et la roquette sont d’une part moins productifs, et d’autre part beaucoup moins couvrants, ce qui entraîne un fort taux de présence de plantes adventices.

– le niveau de sensibilité aux nématodes à galles, M. incognita sur ce site, s’est aussi avéré assez variable : tous les radis sont moins sensibles que la roquette et la moutarde brune.

– l’effet des différents engrais verts sur le niveau d’infestation de la culture suivante n’a pas pu être réellement mis en évidence dans cet essai, même si en tendance les modalités où les radis avaient le moins de galles sont aussi celles où la courgette suivante était «moins» infestée. La forte présence de plantes adventices pendant la culture des engrais verts, potentiellement hôtes des Meloidogyne, l’effet différentiel en biodésinfection des différents engrais verts, lié à des biomasses produites différentes, et le délai relativement long entre l’enfouissement des engrais verts et l’observation des courgettes (5 mois) rendent très aléatoires les possibilités d’interprétation des résultats à ce niveau.

Il conviendra de réévaluer les variétés de radis dans des conditions plus favorables à leur développement : semis plus précoce (mi-septembre) pour bénéficier de températures et de luminosité plus importantes, mais également densités de semis plus élevées pour améliorer la compétitivité face aux plantes adventices [L12LR07].

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