Oléiculture à faible niveau d'intrants

Le projet CASDAR porté par le GRAB de 2010 à 2013 a permis d’aborder la réduction des intrants dans la filière oléicole dans ses diverses composantes :

  • protection phytosanitaire avec des recherches de produits alternatifs, de taille limitant les bioagresseurs, d’auxiliaires indigènes contre la mouche ou de production à la ferme d’insectes auxiliaires

  • réduction de la mécanisation par la mise en place d’un enherbement permanent
  • réduction de l’irrigation et de la fertilisation par une optimisation de la conduite dès la pépinière, et dès la plantation en verger.

L’expérimentation était couplée à un transfert d’informations vers les agriculteurs, lors de visites d’exploitations, et à un volet économique afin de dégager des différentiels de coûts de production entre production biologique et conventionnelle.

Contexte et objectif

L’oléiculture s’est considérablement modernisée depuis 40 ans, afin de permettre à la France de revenir vers un niveau de production similaire à avant le grand gel de 1956. Les techniques culturales (irrigation, fertilisation) ont contribué à faire décoller les rendements et à fiabiliser les récoltes. Ce faisant, l’empreinte environnementale de l’oléiculture a aussi progressé. Dans un contexte de nécessaire réduction des intrants en agriculture, il semblait opportun de proposer un programme de travail abordant plusieurs leviers de réduction des intrants, de la pépinière au verger. Ainsi différents travaux ont été menés par les équipes partenaires, selon leurs compétences et projets en cours.

Méthode

Les partenaires se sont répartis les travaux en fonction de leur expérience et de leur capacités.

Ainsi le programme d’expérimentation s’est découpé comme suit :

Un comité de pilotage a été réuni tous les ans afin de réorienter certains travaux le cas échéant.

Principaux résultats obtenus et applications envisageables

Le projet Casdar a permis plusieurs avancées :

  • confirmation de l’intérêt des argiles kaolinite et illite contre la mouche de l’olivier, la seconde laissant moins de résidus visibles sur les fruits (défaut esthétique principalement)

  • intérêt potentiel d’une matière active nouvelle à base de champignon insecticide Beauveria bassiana. Cette recherche doit cependant encore être poursuivie pour cerner les conditions d’utilisation optimale du produit formulé

  • intérêt professionnel pour les espèces couvre-sol comme une alternative aux herbicides et au travail mécanique en vergers adultes. Les espèces Sanguisorba minor, Medicago sp ou Achillea sp ont montré des développements intéressants, et complémentaires. Elles peuvent ainsi être associées en mélange afin d’offrir une couverture rapide et durable dans le temps. Deux oléiculteurs de l’Hérault et du Vaucluse ont ainsi mis en place un dispositif dans leurs conditions de verger, afin de se faire leur propre opinion de cette technique culturale innovante qui combine plusieurs avantages en plus de remplacer le désherbage : maintien de la fertilité des sols, maintien d’auxiliaires sous les arbres, limitation de lessivage, facilitation de la manutention des filets de récolte.

  • les travaux du Ctifl montrent également l’intérêt de certaines espèces de la faune du sol contre la mouche de l’olive, et incitent les producteurs à maintenir un enherbement diversifié ou des zones non productives à proximité des vergers, afin d’optimiser chez eux la biodiversité fonctionnelle.

Perspectives et conclusions

Le projet, ambitieux, n’a malheureusement pas permis d’apporter tous les résultats escomptés. L’absence de mouches et le gel historique en 2012 ont pénalisé plusieurs travaux. Certaines recherches se poursuivent en dehors du projet, comme le suivi d’enherbements sur deux parcelles, l’effet de la réduction d’intrants sur la qualité des plants oléicoles et l’efficacité de nouvelles matières actives naturelles contre la mouche de l’olivier. Ce ravageur reste le point clé dont le contrôle garanti pourra convaincre les producteurs de s’engager durablement vers l’Agriculture Biologique. Des travaux complémentaires sont en cours (INRA, GRAB et producteurs) afin d’identifier la flore sauvage la plus favorable aux parasites de la mouche, pour mieux orienter les producteurs dans leurs choix de biodiversité végétale.

Ce programme a été rendu possible grâce aux soutiens  du Ministère de l’Agriculture (fonds Casdar) et de la Région PACA.