Améliorer la lutte biologique sur aubergine : nourriture exogène et paillage végétaux

La gestion des ravageurs sur aubergine est souvent problématique, notamment les acariens tétranyques. Les auxiliaires prédateurs des tétranyques utilisés en lutte biologique sont
essentiellement des acariens phytoséides. Malheureusement, leur installation dans les cultures d’été est assez aléatoire, et leur maintien, notamment au cœur de l’été, est assez rare probablement en lien avec l’absence de proies et un climat trop sec. Deux essais sont réalisés par le Grab dans ce projet.

Par apport de nourriture exogène

Par Jérôme Lambion – Renaud Brias – Jean Belliard – Priscille Gelly

L’objectif de cet essai est de tester deux types de nourriture exogène, apportée au moment du lâcher des auxiliaires, afin de vérifier si leur installation est améliorée en début de saison, en comparaison à une stratégie classique de lâcher sans nourrissage. En 2020, avec une pression faible en acariens, il est difficile de conclure sur l’intérêt du nourrissage sur la limitation des effectifs de tétranyques. En revanche, il apparaît que le nourrissage avec Mitefood (acariens de la farine) a permis une meilleure installation des acariens Phytoséides, avec un effet visible pendant un mois environ en début de culture. Le re-nourrissage réalisé fin juillet semble avoir aussi permis de remonter temporairement (3 semaines) les effectifs de Phytoséides. Mitefood semble aussi avoir permis une présence supérieure de Macrolophus : en moyenne 0,25 individus par feuille ont été observés dans la modalité Mitefood contre 0,18 individus par feuille dans le témoin. Le nourrissage par le pollen de Typha n’a pas permis d’améliorer la dispersion des auxiliaires observés, ni leurs effectifs.

Par apport de paillages végétaux

Par Jérôme Lambion – Jean Belliard – Renaud Brias – Priscille Gelly

L’objectif de cet essai est de tester deux types de paillages végétaux au sol, apportés au pied des aubergines en début de culture, afin de vérifier si l’installation des auxiliaires est améliorée en début de saison, en comparaison à une stratégie classique de lâcher sur une culture avec paillage plastique. Ces modalités s’inspirent de résultats très encourageants réalisés en cultures ornementales. Ils ont montré que certains paillages végétaux pouvaient servir d’habitat et héberger des proies de substitution, favorables aux Phytoséides, notamment quand les conditions de vie (habitat trop sec, absence de proies ?) étaient défavorables dans la culture.

En 2020, avec une pression faible en acariens, il est difficile de conclure sur l’intérêt du paillage sur la limitation des effectifs de tétranyques. En revanche, il apparaît que le paillage, notamment celui à base de cosses de sarrasin, a permis une meilleure installation des acariens Phytoséides, avec une dispersion et des effectifs bien supérieurs pendant le mois de juin. Le paillage à base de chanvre montre aussi un petit effet positif, mais de bien moindre ampleur que pour le sarrasin. Pendant cette période, la localisation des Phytoséides en partie basse des plants d’aubergine, contrairement aux deux autres modalités, confirme vraisemblablement les déplacements des Phytoséides entre l’aubergine et le paillage de cosses de sarrasin. Cet effet positif du paillage de cosses de sarrasin s’observe pendant une période au cours de laquelle l’humidité relative en journée est restée assez élevée (entre 50 et 60%). Il semble donc que ce soit la combinaison des deux facteurs (climat+habitat) qui soit favorable aux Phytoséides.

Cette action a reçu le soutien financier du ministère de l’agriculture et de l’alimentation

La responsabilité du ministère en charge de l’agriculture ne saurait être engagée